Madame la Ministre,
L’examen d’une loi santé génère toujours beaucoup d’émulation et d’intérêt. L’annonce et le dépôt déjà anciens de votre projet de loi, accentuent d’autant cet état ; surtout que les défis autour de la santé publique sont nombreux aujourd’hui.
Ainsi :
- compléter certaines dispositions de la loi HPST six ans plus tard ; cela est utile !
- adapter notre système de soins aux évolutions technologiques et aux attentes des patients ; personne ne le conteste !
- lutter contre les déserts médicaux, contre les difficultés d’accès aux soins ; c’est le bon sens !
- amplifier l’effort de prévention et accroître la part des crédits prévention dans le budget santé ; c’est indispensable !
En revanche, notre engouement est vite dissuadé par le contenu même de votre projet de loi, tant il est à l’opposé de ce que nous pouvions en attendre. Personne ne s’y résout, pour preuve la mobilisation exceptionnelle des professionnels de santé ce dernier dimanche.
J’avais d’ailleurs appelé votre attention le 18 février lors des questions d’actualité sur l’impréparation de votre projet et sur les oppositions qu’il allait susciter auprès du monde médical et paramédical.
Au fond, l’idéologie domine une nouvelle fois avec
- la généralisation du tiers payant et son improbable gestion par les médecins, comme de la déresponsabilisation des patients,
- l’opposition du public et du privé, alors qu’il faut au contraire développer leur convergence,
- l’expérimentation des salles de shoot, qui va à l’inverse des ambitions et des exigences éducatives d’une société moderne,
- organisation territoriale qui a des relents d’étatisation d’un autre temps.
Bref, ce débat s’engage sous de curieux auspices ; sachant que le premier ministre vient d’annoncer « une grande conférence de santé » pour jeter les bases d’une véritable réforme de notre système de santé. Or vous nous dites qu’il ne faut pas retirer ce projet de loi. Tout ceci n’est pas clair et peu engageant et sonne comme une défiance à notre endroit. |